travaux

Le voilier commence à être vieux et requière plusieurs modifications et réparations avant sa mise à l'eau. Lors de l'inspection, plusieurs "problèmes" ont été soulignés et il est devenu clair que je ne pourrais pas assurer le voilier sans suivre la liste de recommandations du survey:


  • Mettre aux normes la canalisation de gaz propane, qui part du puits à chaîne jusqu'au poêle dans la cuisinette
  • Masquer certaines valves de passe-coques et en changer d'autres
  • Quelques petits changements au système électrique, comme le remplacement des prises de 110V conventionnelles par des prises avec disjoncteur de fuite à la terre
  • Faire rebâtir le safran ou régler le problème de délaminage
  • Remplacer l'âme de balsa dans le pont à l'arrière des cadènes tribord
  • Faire une cloison pour séparer le puits à chaîne et protéger les cylindres de propane
À cela s'ajoute déjà d'autres travaux nécessaires puisque beaucoup de propriétaires y sont passé laissant leur touche personnelle... pas toujours désirable. ll y aussi le autres problèmes, que l'inspecteur n'a pas remarqué, comme l'affaissement du mât sur bâbord. Un très gros bris et potentiellement un risque majeur. 
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le pont
Lors du survey l'inspecteur a déceler un problème de délaminage à l'arrière des cadènes sur tribord et cette réparation a été inscrite au rapport comme une condition pour que le voilier soir assurable. Suite à un examen plus approfondi, il y a eu  infiltration d'eau à l'endroit où les cadènes traversent le pont. L'eau s'est écoulé vers l'arrière et à fait pourrir l'âme en balsa du sandwich et le gel a délaminé la fibre du bois. En ôtant le panneau au plafond, j'ai pu voir des taches noires qui m'ont indiquées qu'il y avait de la pourriture. De l'eau avait aussi coulé par les trous de vis. De l'extérieur, le pont était mou et sonnait creux lorsqu'on le cognait au marteau. 









Difficile cependant d'évaluer la superficie de l'infiltration et de la pourriture du balsa. J'ai au début sous-évalué l'étendue des dégâts, c'est en regardant de plus proche et en étant très attentif au différentes sonorités que j'ai compris que l'eau avait fait beaucoup de chemin et de dommage. Une petite réparation est donc devenue plus substantielle. La zone est d'environ 30 cm par 1,90 m et se situe entre les rails d'écoutes. J'ai pensé au début que l'eau venait des vis dans le rail de spinnaker, mais c'est plus tard, en coupant la couche de fibre du plafond que j'ai compris que les rails étaient fixées dans de la fibre uniquement et qu'il n'y avait pas d'âme de balsa à cet endroit. Je me demande d'ailleurs toujours pourquoi, mais comme ça semble être un sandwich avec de l'époxy, je me dis que c'est pour la solidité et pour minimiser les dommages créé par les infiltrations d'eau. Ils auraient pu faire la même chose avec le passage des cadènes les plus reculées, ce qui aurait évité tous les travaux que je dois faire actuellement.






Le plafond s'enlève bien, à condition qu'il ait été délaminé...

Le balsa est complètement pourri




Une fois nettoyé et sèché, le plafond est prêt à recevoir le Corecell
Donc à ce stade ci des travaux, il serait préférable que j'enlève la cadène placé à l'arrière. C'est l'endroit par où l'eau s'infiltre et je dois régler le problème pour éviter que ça ne ce reproduise. Je compte bien faire cette réparation pour qu'elle soit définitive. Je n'ai aucune intention d'avoir à la reprendre. Si je dois refaire la même chose ce sera de l'autre côté, car je peux m'attendre au même type d'infiltration, même si pour l'instant le pont semble sec à bâbord.

Il y a au moins deux techniques pour faire le joint au passage d'une cadène au travers du pont. Une très simple, qui consiste à couler de l'époxy autour du métal et l'autre plus complexe, ou on aménage un passage pour la cadène dans lequel on met un scellant flexible. Voici un lien pour chaque technique:
La première est bien plus complexe à réaliser et je doute de sa pertinence, la deuxième, malgré ce que ce soit différent, reste simple. Soit couler l'époxy et refaire un passage, on scelle ensuite avec un produit sur la plaque en contact avec le pont. Dans mon cas je dois faire les deux cadènes. Sur celle en avant, j'ai peut-être un problème plus grave, car elle sort un peu du pont.



Une des causes possible serait que l'eau infiltrée ait pourrie la cloison de bois sur laquelle la cadène est boulonnée. Les trous par lesquels passent les boulons s'agrandissent sous la tension de l'accastillage car le bois à perdu sa solidité. La cadène remonte et sort du pont. C'est un problème grave et la réparation même si elle reste simple, peut-être difficile à réaliser.

Il faudrait, si c'est le cas, enlever tout le bois pourri et remplir à l'époxy. Repercer les trous et reboulonner la cadène. Le problème est de savoir l'étendu de la pourriture et le seul moyen est d'enlever la fibre qui recouvre la cloison. Ça implique donc de la refibrer par la suite une fois l'époxy solidifiée et sablée. un long travail qui fait beaucoup de saleté dans la cabine. J'espère donc ne pas avoir à le faire. J'en saurai plus une fois les deux cadènes enlevées.






Les choix des matériaux pour les réparations du pont et des passages de cadènes sont les suivants:


Corecell A550 9,5mm plain, qui offre une rigidité suffisante pour cette section du pont. La résine époxy est de la East System 1032 avec le durcisseur intermédiaire 832. Les épaississants sont du silice et du coton, pour donner une consistance de putty adhésive. Pour l'époxy de remplissage utilisée dans le passage des cadènes et les trous de boulons dans les cloisons, j'ai utilisé de la résine adhésive structurelle en tube T-88 de System Three, pour une application avec un pistolet d'injection et un bec mélangeur.


J'ai fait une petite partie du pont pour tester la méthode. C'est plus difficile que je ne pensais et il faut bien calculer son temps pour l'application, car une fois que la résine durcie, c'est trop tard. J'ai donc perdu pratiquement tout mon mélange pour cinq minutes de trop. J'ai malgré tout collé mon morceau de Corecell, mais il y a des vides et je vais devoir injecter par le pont pour les combler. Ce qui n'est peut-être pas trop mal, puisque cette section doit être très solide, car elle se situe entre les deux cadènes. Je vais être mieux organisé pour les deux autres sections de Corecell, les plus grosses, car je n'aurai pas droit à l'erreur et je dois faire une bonne quantité de résine pour les mettre en place. Je ne veux pas perdre ce mélange sinon je risque d'en manquer pour la fermeture du plafond.


Les passages des cadènes sont eux remplies et sablées. Il ne reste qu'à refaire le passage en laissant environ  2 mm de chaque côté pour qu'il y ait du jeu. Le tout est ensuite remplie d'un scellant. J'ai choisi du 3M 4200, qui offre un bonne adhésion tout en restant flexible.


Les passages sont marqués puis rempli d'époxy


Avant de sabler l'excédent d'époxy, je perces des trous pour m'indiquer la longueur et la largeur des passages


Avant de continuer avec le perçage des passages de cadènes, il faut complètement refermer le plafond. Ce que j'ai fait en environ une journée de travail répartie sur deux jours à cause du temps de cure de l'époxy. C'est avant tout la prise de mesure qui prend le plus de temps, car une fois la phase de collage commencé, tout doit être très bien organisé pour ne pas râter son coup. Donc, comme je l'ai déjà mentionné, tout doit être dépoussiéré et nettoyé à l'acétone. Ensuite l'on passe une couche mince d'époxy clair qui agira comme surface collante. On enduit ensuite le Corecell d'une couche généreuse de putty adhésive d'époxy. Pour cela, on utilise de la silice, qui augmente le volume et du coton, qui agit comme agent de renforcement. J'ai choisi de mettre 50% silice et 50% coton avec les proportions suivantes: 33% mélange d'époxy, 33% silice et 33% coton. La consistance devient celle d'un crèmage à gateau, très épaisse et collante, mais encore un peu coulante. 

Pour l'application, il y a plusieurs solution, on m'a recommendé une truelle dentelée, ce que j'ai utilisé la première fois, pour le Corecell. Cependant, lorsque j'ai posé les plaques de fibre de verre du plafond, je me suis rendu compte qu'un gros pinceau faisait aussi bien l'affaire. Aussi, pour assurer une meilleure adhésion entre le Corecell et l'autre surface, il est bon percer des trous, dans mon cas, j'en fait tous les 4-5 cm. Cela créun ancrage mécanique entre la résine et le Corecell. Finalement, il faut installer des pattes ou supports pour s'assurer qu'il y a une pression constante et uniforme sur la surface pendant les premières 7-8 heures de cure.  Cela assure qu'il n'y aura pas de poches d'air qui se formeront entre les surfaces.






Une fois le Corecell posé et l'époxy solide, j'ai pu réinstaller les panneaux de fibre de verre enlevé au départ. J'ai dû les solidifier un peu en les laminant avec un tissu de fibre de verre croisé 0-90 degrés. C'était ce qu'il y avait auparavant comme surface de collage dans le sandwich de balsa du pont. 




J'ai utilisé la même résine époxy sans épaississant pour laminer les panneaux. Le but est de créer une surface qui permet une bonne adhérence pour l'application sur le Corecell. Pour cette dernière étape, j'ai procédé de la même manière qu'avec les panneaux de mousse. J'ai fais une putty adhésive dont j'ai enduit les panneaux de fibre de verre. Avant cela, je m'étais assuré qu'ils allaient se placer parfaitement et j'ai utilisé le dremel et un couteau pour tailler les excroissances. J'ai aussi donné un bon sablage sur les surplus d'époxy. 


Comme avec le Corecell, il est absolument nécessaire de mettre des supports pour appliquer une pression uniforme sur les pièces collés pendant les premières 7 heures. Cela empêche qu'il y ait des poches d'air et assure un collage parfait des surfaces. Dans mon cas, j'ai été chanceux et pratiquement tous les joints étaient quasiment parfait. Les panneaux ont repris la même place qu'ils avaient avec moins d'un millimètre de différence.


Le résultat final est très satisfaisant. Il ne reste qu'à solidifier les joints avec une ou deux bande de fibre croisée à 45 degrés. Cela assurera une bonne résistance à la flexion dans le pont qui pourrait causer des fissures aux extrémités des panneaux recollés. 

Donc, une fois le plafond réinstallé, je peux m'attaquer aux cadènes. Je dois en premier lieu percer les passages. Pour cela j'y suis allez avec la perceuse et une mèche d'un diamètre suffisant pour permettre du mouvement aux cadènes. J'ai ensuite utilisé le dremel pour finir de creuser et former les passages.


Le résultat n'est pas à mon goût, mais cela fera l'affaire quand même, puisque le trou sera rempli d'adhésif étanche 3M et recouvert par la plaque de la cadène. 





Maintenant il ne reste qu'à enlever l'excédent de scellant autour des chapeaux de cadènes sur le pont. Je pourrai ensuite penser à recoller de la tapisserie sur la cloison qui reste visible et pour terminer, réinstaller le panneau de finition qui va au plafond et s'en sera fini de cette portion des travaux.